L'une de nos préoccupations principales pour la préparation du bateau pour la Patagonie est sa parfaite étanchéité, en cas de gros temps, voir de retournement. Les fortes entrées d'eau par la descente durant les grains du pot au noir nous ont donc convaincus de lancer ce chantier. Nos réflexions sur les plans ont duré longtemps (le modèle classique à glissière nous semblant difficile à rendre réellement étanche), et ont connu leurs dernières avancées suite aux discussions avec Lakatao.
Voici le cahier des charges :
Une descente 100% étanche, agréable à vivre lorsque nous ne sommes pas cernés par les déferlantes, soit 99,9 % du temps, et ouvrable de l'extérieur et de l'intérieur (ainsi si l'un de nous a un problème, l'autre n'est pas coincé comme un couillon). Pour réaliser cela, nous souhaitons ne pas avoir recours au moindre professionnel, et utiliser le plus possible du matériel que nous avons à bord (donc, entre autres, pas de soudures).
Et voici la réalisation :
Comme d'habitude, on commence par le démontage et ses cohortes de vis rouillées ou cachées derrière des collages. Et comme d'habitude, nous finissons par tout détruire à la masse et à la meuleuse pour que ça aille plus vite et pour se calmer. A plusieurs endroits la rouille a traversé.
Pour récupérer une surface de base bien plane et propre, nous collons une plaque de CP marine de 12 à l'époxy sur l'entourage de la porte.
Puis, joints congés au sikadur colle en dessous et sur les côtés. Nous pouvons ainsi combler les espaces en coulant la résine là où l'acier ne fait plus la bonne épaisseur. Notre surface verticale de départ est prête.
Nous devons maintenant compenser le bouge (le "bombé transversal") du roof pour obtenir notre surface de base pour le panneau horizontal. Pour cela, nous utilisons des bandes en CP de 12 de part et d'autres de l'ouverture. Pour s'assurer que, malgré le bouge, les deux côtés sont bien parallèles, nous les maintenons collés à une règle en aluminium par du Répare express qui se ponce facilement après utilisation. Ainsi contraints à rester alignés, les bouts de CP sont collés au roof à l'époxy.
Ensuite, nous rajoutons une épaisseur de CP de 12 pour obtenir la hauteur voulue. Sur le dessus, nous fixons une baguette en CP de 5mm d'épaisseur pour 15 de large, c'est la surface d'appui de notre futur joint de 30 mm de large. Ce dernier pourra ainsi faire un boudin de part et d'autre de la baguette pour améliorer l'étanchéité. A l'arrière, le joint portera sur une plaque de CP verticale collée sur l'acier.
Sur la surface verticale, nous collons désormais les baguettes d'appui de joints qui rejoignent celles du plan horizontal. Ensuite, nous pouvons couper la porte verticale et la mettre en place, de façon à ce que la tranche du dessus soit exactement à la même hauteur que les baguettes de 5 de la surface horizontale.
La porte est boulonnée à la surface verticale. Pour ce faire, nous avons tout d'abord collé à l'intérieur des morceaux de contreplaqué pour atteindre l'épaisseur qu'atteindront plus tard l'isolation et le vaigrage. Puis nous avons percé à travers le tout, jusqu'à transpercer la plaque de CP de 12 de la porte. Puis, nous avons collé à l'époxy des inserts pour des vis de 8 dans les trous de la porte. Ensuite, nous avons rajouté une plaque de CP de 5 à l'extérieur de la porte (en insérant une vis vaselinée dans l'insert pour que celui-ci ne soit pas comblé par la résine), portant ainsi son épaisseur à 17mm. Aucune entrée d'eau n'est donc possible par les vis de fixation, d'autant plus que le trous sont réalisés à l'intérieur des baguettes d'appui des joints. Ensuite, nous collons les joints sur la porte à la néoprène. Ceci fait, nous pouvons déterminer la longueur des vis de serrage de la porte. Les poignées sont en CP de 12 enserrées par des écrous, plus une rondelle pour l'appui sur l'entourage de porte. Tout cela est fixé en place à l'araldite.
Nous pouvons maintenant nous soucier du panneau horizontal. Celui-ci sera réalisé en assemblant une plaque d'altuglas fumé de 8 et une autre plaque de polycarbonate de 8, ceci car nous n'avons pas de panneaux assez épais. Nous aurons donc un panneau transparent de 16mm d'épaisseur. Première étape, mise en place pour faire les tracés (pratique que ce soit transparent).
Ensuite nous pouvons faire les découpes à la scie sauteuse. Il était alors important, surtout pour le polycarbonate, d'envoyer en permanence de l'eau sur la coupe. Là encore, merci le pulvérisateur-douche. Puis, perçage des plaques pour les boulons de fixations de 5. Le perçage s'est fait avec un forêt neuf de 5,5 avec de l'eau envoyée en permanence. Ainsi, nous n'avons rien fendu; heureusement c'étaient les dernières grandes plaques rescapées de nos récups brestoises.
Puis, collage des joints à la néoprène, ainsi que collage des retours en CP à l'époxy. Ces retours sont censés, entre autres à ce que la porte soit étanche à la pluie quand les poignées comprimant les joints sont laissées ouvertes. Nous les avons collés, car nous avions peur de percer les plexis si proche du bord.
L'étape suivante a été la réalisation du U qui maintiendra la porte verticale lorsque nous n'avons pas besoin de la bloquer avec les vis. La partie basse du U a été creusée en gouttière, menant sur les côtés, où des trous permettent l'évacuation de l'eau. Ainsi, normalement pas de stagnation d'eau.
Parallèlement, nous avons réalisé les poignées du panneau horizontal. Extérieur et intérieur sont réalisées sur la même tige filetée de 8. La partie intérieure de haut en bas : joint torique; rondelle écrou (pour comprimer le joint et assurer l'étanchéité); écrou; plaque d'aluminium avec un trou décentré (qui viendra se glisser sous un retour en alu pour bloquer la porte); écrou; écrou; poignée écrou, le tout bloqué à l'araldite. La partie extérieure est faite sur le même principe, sans plaque d'alu. Mais pour que les poignée soient démontables, au lieu de tout bloquer à l'araldite, on a bloqué avec écrou contre-écrou.
Ces poignées viennent se glisser sous un support en CP, recouvert d'une plaque d'alu, afin de mieux glisser contre l'alu de la poignée. Nous n'avons fixé ce support qu'avec une vis au début, puis une fois la bonne pente trouvée pour comprimer le joint sans trop avoir à forcer nous avons mis en place la deuxième vis. Nous ne pouvons pas trop serrer, et faire ressortir la plaque de sous la glissière; la poignée sert de butée.
Une fois le panneau horizontal en place, et serré par les poignées, nous avons pu déterminer l'épaisseur des tassauds de soutien des charnières. Nous les avons ensuite collés au sikadur colle, puis vissé les charnières
Pour protéger le CP de l'humidité, tout a été résiné. Il ne reste plus ensuite que quelques coups de peinture ou vernis polyuréthane et c'est fini. Le panneau horizontal est trop grand pour passer sous la capote, c'est pourquoi nous l'avons fait transparent. Pour l'instant, il tient en l'air par un bout, peut être modifierons nous cela plus tard. Nous avons confiance dans l'étanchéité du système, mais nous espérons ne jamais vérifier si ça tient vraiment un retournement.